jeudi 30 juin 2011

A double tour



Les bocio (ou poupées) vaudous ne sont jamais innocentes. Le plus souvent on est obligé de faire appel au pouvoir du vaudou parce qu'on est attaqué par un autre féticheur. Ainsi les bocio se battent entre elles à travers leurs victimes. Chacune possède la fétiche de l'autre. Ce n'est guère rassurant mais l'art n'est pas sensé nous rassurer.
Certains bocio à l'exposition de la Fondation Cartier possèdent un cadenas comme pour mieux enfermer l'autre, pour mieux l'attacher. (voir l'image en bas) C'est un peu comme un bracelet électronique, appareil moderne semblable aux fétiches et tout aussi redoutable mais nettement moins esthétique.

(exposition à la Fondation Cartier à Paris jusqu'au 25 septembre. Les images proviennent du guide des enfants! Si!)

Dépouillé


Voilà ce qui arrive à celui qui est trop près de ses sous. Pour qui perdre est disparaître. Jésus l'a bien dit: aucune chance d'entrer au paradis, comme le chameau qui doit passer par le trou de l'aiguille. Moralité: mieux vaut dépenser que stocker.

(travail terminé le 29 juin)

samedi 18 juin 2011

Le Malvenu


Tout part d'un verset de l'évangile de St. Matthieu: "Si quelqu'un ne vous accueille pas et n'écoute pas vos paroles, quittez cette ville et secouez la poussière de vos pieds." (10/14) Puis vinrent ces deux poèmes:

1.
Les portes sont closes.
Les grilles fermées.
Où dois-je aller?

Dis-moi le chemin,
la route à faire,
parce que j'erre.

2.
Secoue la poussière.
Oublie l'histoire.
Cesse de t'asseoir.

Cesse de chercher
et les nuages
te précèderont.

(travail terminé ce jour)

D'autres maîtres du sitar


Dans chaque génération il y a des musiciens qui se retrouvent au premier plan, connus de tous. Puis, derrière, d'autres. Des artistes respectés, écoutés, mais dont le nom de dépasse pas le cercle restreint des élèves et amateurs locaux. Dans la musique indienne du vingtième siècle on a retenu les noms de Vilayat Khan, de Ravi Shankar et de Nikhil Banerjee. De certains de leurs élèves aussi. Les autres traditions restent confidentielles. Voici donc le programme:


Ustad Mohammed Sharif Khan Poonchwala (1928-1980), originaire, comme son nom l'indique, de la ville de Poonch dans le Kashmir pakistanais. Fils d'Abdur Rahim Khan. Il est rattaché de façon obscure à l'école d'Imdad Khan (le grand père de Vilayat Khan). Dans les enregistrements qui suivent c'est beaucoup plus l'écho des 78 tours de Imdad et Enayat Khan que l'on entend que le style du Gayaki Ang développé par Vilayat Khan. Mohammed Sharif Khan était considéré comme le plus grand joueur de sitar pakistanais de son temps. Peu d'enregistrements sont disponibles. Voici trois cassettes de concerts, éditées par Lok Virsa à Islamabad, l'organisation qui a tant fait pour préserver les grands noms de la musique classique au Pakistan. Le programme:

IT 0015: ragas Shyam Kalyan et Hansadwani
IT 0017: ragas Jaijaiwanti et Nur Gara
IT 0019: ragas Basant Bahar, Bhairavi et Khamaj

http://www.mediafire.com/?38t21kzn8379u




Le sitariste Pandit Giriraj vient de mourir. Il avait une certaine notoriété dans les années 8O sans jamais vraiment percer. Il apprit, selon sa biographie, le sitar auprès de Vilayat Khan et, chose rare, il ne devint pas un clone de son maître. Il développa un style bien à lui: une virtuosité assumée, une musicalité patente et surtout, un besoin impétueux de faire de la musique. Une cassette Magnasound C4HIOO722 de 1989 avec les ragas Lalit, Khamaj et Pilu:

http://www.mediafire.com/?z8qbhw28bgxvt


Ustad Nasiruddin est un sitariste pakistanais dont je ne sais rien. Internet ne donne aucun renseignement non plus. Cette cassette Lok Virsa (IT 0013) a été enregistrée à Islamabad et publiée en 1985. Les ragas sont Yaman et Kafi.

http://www.mediafire.com/?gn6iltor9n4c0


Pandit Balaram Pathak fut un des sitaristes sous estimés de sa génération. Il est venu en France un peu sur le tard en 1986 pour quelques concerts (dont un à Radio France) et pour enregistrer un disque pour Ocora. C'est lors des enregistrements de ce disque que j'ai pris cette photo. L'enregistrement qui suit contient le raag Darbari au surbahar, fait en Inde dans les années 60.

http://www.mediafire.com/?lazspyflshhxa

Salut Dogon


Il y avait des grands paniers que l'on voyait monter devant la falaise pour atteindre des grottes très hautes. Il n'y avait que les têtes qui dépassaient des paniers. Celles des habitants des grottes, les Dogon. J'avais vu ça dans un documentaire un jour. Les Dogons ont connu une sorte de célébrité culte grâce à Marcel Griaule et Michel Leiris. L'exposition du Musée Branly après celle du Musée Dapper en 1995 montre qu'il s'agît là d'un peuple pas comme les autres. Ils ont une mission précise, artistique.
Pourquoi, par exemple, ces sculptures aux bras levés? On voit une des mains, ouverte, tournée vers le ciel, l'autre avec le pouce dressé et les autres doigts repliés vers la paume. Sur un certain nombre de sculptures le bras droit manque. L'unique bras qui leur reste pointe vers le ciel, comme pour essayer de toucher les nuages. Il faut sans doute avoir fait l’ascension de la falaise dans un panier pour comprendre ce geste.

(La très belle exposition de l'art Dogon est au Musée Branly jusqu'au 24 juillet 2011)Les reproductions proviennent du catalogue Dogon du Musée Dapper

lundi 13 juin 2011

Le Taiseux


En voici un qui ne dit pas grand chose et qui n'en pense pas plus. Les gens qui s'ennuient sont le plus souvent des gens ennuyeux. Encore une chance qu'on s'occupe d'eux par le dessin! Robert Desnos fournit l'argument:

Que voulez vous que je vous dise

C'est la pure vérité
Comme un manchon
Ma belle dame mettez vos deux mains
dans le bec de gaz
nous y verrons plus clair
Vous êtes perdue si vous ne m'égratignez
pas un peu
pour voir
plus clair
Un bateau s'arrête et fait son
testament
Les champs de blé réclament longuement la coiffure à la frégate.
Le mystérieux concierge enfonce
avec précaution sa clef dans ton œil
après vingt ans on est prié de dire son nom
mais la postérité n'exige pas de carte d'identité
à vos souhaits
Les miens sont simples
qu'on me donne à boire durant toute la mort
qu'on me fiche la guerre.


Dans: Destinée arbitraire (1929-1926)

(travail terminé ce jour.)

vendredi 10 juin 2011

Des hommes troubles


Le Petit Palais a eu la bonne idée de présenter leurs fonds de gravures hollandaises. Il est vrai, on cherche un peu car il y en a pas beaucoup, une seule salle. Cela ne crée pas l'événement de nos jours. Des gravures en plus (enfin, quelques dessins aussi).
En regardant ces œuvres j'ai réalisé pourtant une chose qui ne m'avait jamais frappée auparavant: il y a des personnages qui ne veulent pas se montrer. Un peu comme des gens qui se cachent devant les caméras. Des visages floutés.
Regardez cet homme qui remplit son verre, honteusement. je l'ai regardé de près, d'où ce dessin:


Puis on en voit soudain partout. Des hommes qui ne veulent pas être là, conscients de leur mauvaise vie.



Il faut sans doute être hollandais pour représenter des gens qui ne veulent pas être représentés. Et pourtant, cette volonté même est rassurant. Vouloir se montrer, être content de soi, fier de se montrer. Ce n'est pas ce qu'il il y de plus intéressant.

(Les scènes de genre du siècle d'or hollandais, au Petit Palais à Paris jusqu'au 17 juillet 2011)

mardi 7 juin 2011

Noun


Le Noun est le précurseur des dieux en Égypte. C'est une étendue liquide, obscure. Puis, dans le récit de la création, apparait le sol qui risque cependant de disparaître à tout moment. On le voit: rien n'est acquis dans la création.
Pour accompagner ce travail un poème égyptien ancien trouvé dans la tombe de Toutankhamon:

Voici comment se nomment les dieux dans les cavernes qui se situent dans l'au-delà. Leurs corps sont dans l'obscurité:
Celui qui se dresse
Le chat
Le terrifiant
Le visage gras
Le visage détourné
Celui qui appartient au Cobra

Voici comme ils sont dans leur tombe. Ils sont les rayons du soleil. Leur âme suivra le dieu suprême:

Celui de l'au delà
Le mystérieux
Celui de la caverne
Celui du cercueil
Celui qui tient la peigne
Celui de l'eau
Le tisserand.

Voici comment sont les dieux: ils reçoivent les rayons du soleil qui tombent sur les corps dans l'au delà. Quand il est passé ils entrent dans l'obscurité.

L'adorateur
Le bras qui reçoit
Le bras de lumière
Le brillant
Celui des rayons
Le bras de l'aube.

(traduit de l'anglais: Alexandre Piankoff, The shrines of Tut-Ankh--Amon, New York, 1955)

Travail terminé ce jour.

mercredi 1 juin 2011

Villes ouvertes (Inde et France)


"Où en est l'Inde aujourd'hui?" est l'angoissante question à laquelle les commissaires de l'exposition au Centre Pompidou tentent de répondre. L'Inde, faut-il le rappeler, est ce triangle qui pousse contre l'Asie, créant par cette poussée même la chaîne de l'Himalaya.
La terre indienne est une vraie obsession pour ses habitants. Je ne connais aucun autre pays avec autant de lieux de pèlerinage, de lieux de purification. Les gens semblent habités par ce pays. Et des gens en Inde, il y en a beaucoup, et partout. C'est un pays, les lecteurs assidus de ce blog le savent déjà, que j'aime par dessus tout. Pour ces raisons-là sans doute. Il est important de savoir pourquoi on habite dans un lieu et pas un autre.
L'exposition "Paris, Delhi, Bombay..." semblent vouloir dire que l'art est une question de villes. La France étant Paris, on suppose qu'en Inde c'est pareil. Enfin presque car l'Inde a eu droit à deux villes ainsi qu'aux points de suspension. Ramener l'Inde à une ville, quelle bêtise! Surtout que les noms des artistes montrent une diversité bien plus grande. L'oubli de Calcutta doit faire réfléchir les Bengali sur les connaissances géographiques des commissaires (Madras, Bangalore etc. la liste est longue)
Enfin, il y a de belles choses à voir. Une superbe installation de Nalini Malani qui mélange dessins projetés et les reflets de trois cylindres en plastique peints qui tournent en permanence comme des moulins de prière. (photo en haut). Des bidonvilles en modèle réduit de Héma Upadyay, présentées à la verticale.


(j'en avais vu déjà à l'horizontale, c'était bien moins probant avec son côté maquette d'architecte), des devantures de magasin peintes d'Atul Dodiya (déjà vu a la belle exposition à l'ESBA il y a quelques années) Et les ossements humains, enveloppés dans un tissu satin et parés de perles d'Anita Dube (autre artiste déjà présenté à l'exposition des Beaux Arts de Paris, décidément, ils avaient le nez fin!)


(jusqu'au 19 septembre au Centre Pompidou)