lundi 31 octobre 2011

Le coeur bien accroché


Le visiteur de l'exposition de Diane Arbus au Jeu de Paume est prévenu de toutes parts que les images sont déprimantes, difficile à soutenir. On y entre avec entrain, on en sont défait. En vérité il n'en est rien. J'étais énervé en entrant, rassuré en sortant. Diane Arbus n'a en réalité jamais cherché à photographier des gens désaxés. A bien les regarder, tous ces gens sont d'une parfaite normalité. Le drame est simplement que les autres ont du mal a voir cela. J'avais parfois l'impression de regarder des images de martyrs, des gens prêts à souffrir pour leur foi.
Autre reproche pas du tout justifié: l'absence d'explications à côté des photos. Le visiteur se trouve face à l’œuvre, sans intermédiaire. Rien ne perturbe ce lien indispensable entre l'artiste et le spectateur. Voilà ce qui change des expositions parasitées par des gadgets de toutes sortes. Tenez: l'exposition de Henri Edmond Cross au Musée Marmottan où l'on propose des applications pour téléphone portable avec comme résultat que les spectateurs contemplent leur téléphone au lieu de regarder les tableaux. Enfin, voir une exposition, c'est voir la vie.
(jusqu'au 05 février 2012 au Jeu de Paume à Paris)

vendredi 28 octobre 2011

Kadhafi, suite et fin


J'avais, il y a quelques mois déjà, fait un travail intitulé: "Le Colonel Kadhafi dans son bunker". La suite: "Le Colonel Kadhafi dans sa tombe" s'imposait. Voici le chapitre Kadhafi terminé. N'oublions pas que les deux panneaux font partie de la série: "Criminels célèbres".
Pour accompagner un poème de Paul Verlaine issu des "Romances sans paroles":

De la douceur, de la douceur, de la douceur. (Inconnu)

Il faut, voyez-vous, nous pardonner des choses:
De cette façon nous serons bien heureuses
Et si notre vie a des instants moroses,
Du moins nous serons, n'est-ce pas? deux pleureuses.

O que nous mêlions, âmes sœurs que nous sommes,
A nos vœux confus la douceur puérile
De cheminer loin des femmes et des hommes,
Dans le frais oubli de ce qui nous exile!

Soyons deux enfants, soyons deux jeunes filles
Éprises de rien et de tout étonnées
Qui s'en vont pâlir sous les chastes charmilles
Sans même savoir qu'elles sont pardonnées.

Travail terminé ce jour.

jeudi 27 octobre 2011

Douteux


Voici une image très directement inspirée des doubles masques vus à l'exposition au Musée Dapper (voir plus haut). Cela me faisait penser à une phrase de Samuel Beckett,dite lors d'un spectacle mis en scène en Allemagne: Wo est zwei gibt gibt es Zweifel (A deux on doute). Pour accompagner un poème d'Alain Bosquet:

Deuxième Testament

En moi, c'est la guerre civile.
Mon oranger n'aime pas mes genoux;
Ma cascade se plaint de mon squelette;
Je dois choisir entre mon cœur
et ma valise où ronfle une île poignardée,
mon manuel d'histoire
et ma tête remplie
de souvenirs perdus.
Verbe à muqueuses!
Objet qui se voudrait humain!
En moi c'est la guerre civile.

Achetez mes soupirs.
Prenez mes doutes.
Je vous donne un cornet de grimaces?
Quand j'aurais tout vendu,
j'irai renaître loin de moi,
entre une mangue fraîche,
un baiser très félin,
quelques objets sans nom.
Achetez mes espoirs.
Prenez mes certitudes!

Je vous donne un cornet de sourires?
Je suis le marchand des quatre raisons.

(Travail terminé le 20 octobre)

mercredi 19 octobre 2011

Une belle plume


Henri Michaux est un de mes héros: peintre et poète. Aucune compromission avec les autorités de tout poil. Peindre et écrire. Cela remplit une vie. Et pas de chutes non plus! Rien de quelconque. Tout est réfléchi. Lisez "un barbare en Asie", livre indispensable pour tout voyageur en Orient. Une œuvre rare aussi. Quel musée a organisé une exposition des tableaux et dessins de Michaux? Quel éditeur a présenté l’œuvre complète? On se contente donc de ce qu'on trouve. Une exposition petite mais belle à la Galerie Patrice Trigano, jusqu'au 29 octobre prochain.


Et puis, avant de rentrer à la maison, on passera chez Gibert pour acheter quelques recueils de poésie. Satisfaction garantie.

(Galerie Patrice Trigano, 4 rue des Beaux Arts, Paris 6e)

lundi 17 octobre 2011

A deux on doute

Nouvelle exposition au Musée Dapper: les liens entre masques d'Afrique et masques de carnaval aux Antilles. Les liens historiques sont évidents même si les œuvres exposées (l'Afrique en bas, les Antilles à l'étage)ne se font pas écho de façon éclatante. On visite deux expositions et, du coup, l'impression que me font les expositions du Musée Dapper depuis quelques années: belles pièces mais une conception tirée par les cheveux, revient une fois de plus. Les femmes dans l'art africain, les animaux, les hommes. Si l'objectif est de démontrer que l'art africain est riche, c'est réussi. Mais enfin, on peut demander plus d'unité dans la présentation.
Les pièces donc sont belles, très belles. Deux masques africains m'ont intrigué. On y voit des doubles, deux visages portés par une seule personne.


Je me souviens d'une phrase de Samuel Beckett: "Là où on est deux on doute" Qu'est ce qu'on ressent quand on porte un masque avec deux visages? On est quelque part entre les deux. Position étrange mais sans doute riche d'enseignements. L'autre masque ne figure pas dans le prospectus, d'où ce croquis fait sur place:


(Mascarades et Carnavals, jusqu'au 15 juillet 2012. Ça laisse le temps!)

mercredi 12 octobre 2011

La boue rouge


Il y a un an exactement une coulée de déchets toxiques couvrait le village de Kolontar en Hongrie. Aujourd'hui la boue est dans des champs à côté du Danube. Avec les prochains débordements du fleuve tout repartira.


Une lumière
rouge
aveugle les gens.

C'est à devenir
dingue!
On est pris!

Personne ne sait
où aller,
où semer.

C'est descendre
ce fleuve
ou se perdre.

(Travail terminé le 10 octobre)

mardi 11 octobre 2011

Sarodiyas


Voilà: une nouvelle série qui présente des joueurs de sarod. Fidèle à l'esprit des autres séries il s'agira d'artistes moins connus, peu enregistrés. Pour commencer une cassette de Pradeep Kumar Barot, disciple de la légendaire Annapurna Devi, fille d'Allaudhin Khan qui vit recluse à Bombay depuis des décennies.


Les ragas sont Bhatiyar et Puria Kalyan



Rakesh Prasanna, membre de la célèbre famille des Prasanna, surtout connue pour les joueurs de flute Bhola Nath et Rajendra Prasanna. Les ragas sont Bilaskhani Todi et Puria Kalyan. Pas de détails quant au joueur de tabla.

http://www.mediafire.com/?lknys9hy1rfjk




Je ne comprend pas bien pourquoi Brij Narayan, fils ainé du maître de sarangi Ram Narayan n'a jamais vraiment percé parmi les sarodiyas de sa génération. Je me souviens l'avoir vu dans les années 80. Tout le monde lui prédisait un grand avenir. Je réécoute ces enregistrements aujourd'hui et je me dis qu'il s'agît là d'un grand. Enfin. Il est loin d'être le seul dans ce cas. Voici deux enregistrements de l'époque: raag Bairagi avec Anindo Chatterjee au tabla et raag Shankra avec Suresh Talwalkar

http://www.mediafire.com/?j6lq755d65qkk


Sharif Hussain est un musicien du Pakistan dont je ne connais que la cassette qui suit. Pas de photo nulle part sur le net. Je reproduis l'illustration de la cassette. Un enregistrement live édité par Lok Virsa. Sur la face a les ragas Pilu et Pahadi, sur la face b les ragas Tilak Kamod et Kirwani.

http://www.mediafire.com/?uzt2aof867um0


Un enregistrement en concert de Mukesh Sharma, joueur de sarod de Lucknow, Paris, 2002, Sudhir Pandey au tabla, raga Kaushi Kanada

http://www.mediafire.com/?kbw42s6v4h18s


Sunil Mukherjee vit à Delhi. Il a peu joué en dehors de cette ville. Voici une cassette assez rare de 1992. Pas de détails quant au joueur de tabla. Les ragas sont Bageshri, Bhairavi et un "light mélody"

http://www.mediafire.com/?1czwccj61ggc9


On disait grand bien de Zarin Daruwala il y a vingt ans. Elle a un style bien à elle. On n'entends plus beaucoup son nom aujourd'hui. Une cassette de 1990 avec les ragas Malkauns, Kafi, Bhairavi et raagsagar.

http://www.mediafire.com/?c3ylcg50cudzz


Sharan Rani Backliwal nee Mathur (1929 –2008)est venue plusieurs fois en France. Elle y a enregistré un disque pour Vogue avec les ragas Yaman Kalyan et Bhairavi. Je préfère proposer ici un enregistrement en concert au Centre Mandapa à Paris 14-05-89. Shankar Ghosh est au tabla. Le raga est Kirwani. Ce n'est pas le concert du siècle. Le tabla est trop envahissant à mon goût. Mais enfin vous ne trouverez ceci nulle part ailleurs!

http://www.mediafire.com/?t0rknr2xjx50hc0



On ne sait pas grand chose de Nandalal Ghosh. Sur l'excellent blog Debloque-Notes (http://sarod.free.fr/?p=3828) on trouve plusieurs morceaux ainsi que la photo ci-dessus. Voici un enregistrement de la radio indienne (AIR). Le raga est Yamani Bilawal. Le joueur de tabla n'est pas connu.

http://www.mediafire.com/?z2n7281j3lv3mm2


Jotin Bhattacharya fut un des disciples de Allaudhin Khan. Il fut même l'auteur d'une biographie de son maître. En tant que soliste il n'a jamais vraiment réussi à faire une vraie carrière. Il s'agît pourtant d'un musicien d'une grande finesse. Un des rares enregistrements publiés fut un 33t édité en France. A cette même époque (début des années 80) il a donnée un concert en région parisienne. Attention c'est rare! Les ragas sont Yaman Kalyan et Bhairavi (avec d'autres ragas). Le joueur de tabla est sans doute Shyamal Maitra.

http://www.mediafire.com/?nn0wojdgigs3v


Alok et Abhisek Lahiri. Certains préfèrent le père, d'autres le fils. Voici les deux en concert au Musée Guimet à Paris, 17 juin 2005:

http://www.mediafire.com/?xx32y7wnvx493




Partho Sarathy est, pour moi, un des sarodiyas le plus intéressant de sa génération. Chaque fois quand je l'ai vu en concert j'étais frappé par la richesse de son interprétation. Le voici en concert à Radio France, le 22 janvier 2005. Prabu Edouard est au tabla.

http://www.mediafire.com/?fgzffg9ryqk597k


Narendranath Dhar vient de Lucknow et fut le disciple de Pandit Radhika Mohan Maitra. L'enregistrement qui suit, raag Todi, est de provenance inconnue. S'il s'agît d'un enregistrement protégé par copyright je l'enlèverai aussitôt.

http://www.mediafire.com/?2f9w5as69wnudy6


Tejendra Majumdar est pour moi le joueur de sarod le plus grand d'aujourd'hui. Sa discographie est importante. Si vous avez l'occasion de le voir en concert n'hésitez pas une seconde. Voici un concert à Paris en 2001. Samar Saha est au tabla. Le raga est Shyam Kalyan.

http://www.mediafire.com/?wud2lo7gg6as3m4

lundi 10 octobre 2011

La Chute


Le 24 septembre dernier un satellite de la Nasa est retombé sur la terre, dans l'Océan Pacifique pour être précis. Personne ne l'a vu tomber ce qui est heureux car les morceaux étaient grands et pointus. Je l'ai imaginé comme un grand couteau. On l'a échappé belle!

(Travail terminé le 3 octobre dernier.)

mardi 4 octobre 2011

Musique du Tadjikistan


Un concert à l'Auditorium des Halles, en face de la discothèque, une salle qui n'existe plus depuis longtemps. Les grandes vedettes de la musique tadjik étaient là: Goltchereh, Dowlatmand, Pirnazar Haghnazarov et Nourollah Baratov, le joueur de tablak. Du chant épique et des poèmes persans. Un concert du 31 mars 1990, enregistré dans la salle.

http://www.mediafire.com/?k8n4zq8ak637k

lundi 3 octobre 2011

Edvard Munch et la neige éternelle


Il n'est jamais difficile de trouver un tableau mauvais. Le plus souvent cela saute aux yeux (même si d'autres gens ne le voient pas). On peut alors se moquer, rire, se détourner. Il y a énormément de choses à faire. La bonne peinture en revanche n'invite à aucune réaction. On reste bouche bée, incapable même de dire pourquoi c'est aussi bien. Juste ce sentiment de "c'est ça", c'est comme ça qu'un tableau doit être.
Le génie donc. Mot souvent assez ridicule. Pas pour Edvard Munch. Regardez comment le faîte des arbres ondule pour laisser apparaître au point de fuite une forme vaguement vaginale. Les deux chapeaux en forme de champignon au premier plan qui avancent.
Et puis la neige. Pas du tout blanc. Munch est norvégien. La neige en hiver c'est la seule source de lumière. Tout est gris dans le ciel. C'est la neige qui rend le paysage visible dans la nuit.


Puis quelle carrière! Aucun temps mort. Pas de concept décliné à l'infini pour cacher une inspiration déclinante. Non, une mise en cause permanente. Jusqu'au bout. Voilà l'exposition qu'il ne faut pas rater. Laissez tomber le reste.
(jusqu'au 9 janvier 2012 au Centre Pompidou à Paris)