La tête bien pleine

Un guerrier jivaro avait de lourdes contraintes avant de pouvoir posséder une tête réduite: Dans la bataille il fallait couper la tête au plus près des épaules, puis, lors du voyage de retour (avec l'ennemi à ses trousses) il fallait faire une incision derrière, enlever le crâne, le cerveau, les muscles. Il fallait tout laver soigneusement en toute vitesse sans se faire attraper.
L'exposition sur la chevelure au Musée Branly montre une belle série. Et puis: méfiez vous des guerriers jivaro.
(Travail terminé ce jour.)

Fuir le quotidien

C'est le mois de la photo. Des expositions partout. Il s'agît, comme toujours, de se dépêcher, de se ruer. Pourtant, il y a des très belles choses à voir. Et nous sommes déjà le mi-novembre. Pour commencer du gratuit: Une belle série de photos très construites de Françoise Huiguier. Des photos de familles moyennes en Asie du Sud-Est: Thaïlande, Malaise, Singapour. Des gens souvent pas très intéressants, pas très beaux. Les photos proposées sont en triptyques avec des portraits, des objets, mis ensembles de façon très pertinente. Les images disponibles sur le net ne donnent pas vraiment une idée précise. Il faut aller voir.

(Vertical/Horizontal, Intérieur/Extérieur. Singapour - Kuala Lumpur - Bangkok, Les classes moyennes en Asie du Sud-Est à l’aube du XXIe siècle. Françoise Huguier
Académie des Beaux-Arts
25/10/2012 - 25/11/2012)

Anselm Kiefer à Pantin (Expédition)

Commençons par le trajet: C'est loin de la gare et pas de vélib en vue. Pantin est une banlieue presque caricaturale: passage sous la route, sous les chemin de fer, des grues et des chantiers. Surtout, c'est loin. Puis on arrive dans l'univers de Thaddaeus Ropac. Jet set international, pelouse impeccable, des hôtesses partout. Pour les nouveaux bâtiments la galerie a frappé fort: Une très belle exposition des tableaux récents d'Anselm Kiefer. Une salle de tableaux de champs de seigle (je crois, c'est Mutterkorn en allemand), des textes, comme souvent chez Kiefer. Tout est merveilleusement placé, dit, peint. L'autre salle contient des tableaux avec des balances romaines sur ce qui ressemble à une vue sur la mer. Un peu à la Courbet. C'est très beau, très bien présenté.
Dans le bâtiment attenant sont présentés des reliques d'une performance de Joseph Beuys. Le vidéo du spectacle est intéressant, le reste (les timbales d'origine etc.) l'est moins.

(Galerie Thaddaeus Ropac, 69 avenue du Général Leclerc 93500 Pantin, jusqu'au 27 janvier 2013)

Jules Romain (élève de Raphael)

A ne pas confondre avec l'auteur de Knock (Jules Romains). Jules Romain fut l'élève de Raphaël. Pour dire qu'il savait dessiner. L'entrée au Louvre permet ces jours-ci de voir les dessins dont un des plus beaux ce trouve en haut de ce billet. Un autre: La chute d'Icare, ne se trouve nulle part sur le net, d'où le dessin ci-dessous:

Attention: les expositions de dessins au Louvre permettent de voir des œuvres aussi superbes que rares. Il ne faut en rater aucune!

(Au Musée du Louvre jusqu'au 14 Janvier 2013)

Vole au milieu!

J'avais préparé le poème suivant pour mettre sur ce panneau mais finalement j'ai pensé que ça allait mieux sans:

Terre sur terre
laisse moi
aussi
faire ça:
rester
allongé
sur le soleil.

(Le titre: Vole au Milieu! se réfère à ce que criait Dédale à son fils Icare, autre ange qui un jour est tombé du ciel.)

(Travail terminé ce jour.)

L'Art sans Guerre (la collection Werner)

Le Musée de l'Art moderne de la Ville de Paris organise en ce moment deux expositions: J'étais venu pour voir la première: l'Art en guerre, sur l'art produit en France entre la fin des années trente et la fin des années quarante. Parcours décevant. Autant la Grande Guerre de 14 18 a été une explosion artistique qui a définie le vingtième siècle, autant la seconde guerre a été décevante. Il fallait sans doute suivre l'exemple d'Antonin Artaud et rester enfermé dans l'asile de fous.
Des salles et des salles sans intérêt. Picasso continue à peindre, c'est bien mais cela ne suffit pas.

La deuxième exposition: La collection Michael Werner est autant plus réjouissante qu'elle est, pour moi du moins, une grande surprise (merci le billet combiné du MAMVP!. Voilà un homme qui a vendu de l'art toute sa vie en gardant les meilleurs morceaux pour lui-même. Beaucoup de peinture, et du grand: Fautrier (des nus superbes dont celui en haut), Chaissac, Dix, Michaux, Leroy, Polke, Don van Vliet, Kirkeby. J'ai gardé pour la deuxième image un panneau de Marcel Broodhaers. Artiste qui a toujours gardé le sens de la légèreté. Du coup le message passe tellement mieux que cette plaie de l'art d'aujourd'hui: la phrase profonde écrite en néon ou en grand sur les murs. L'art n'écrit pas de phrase, il est la phrase.

(La collection Werner est au Musée de l'Art Moderne de la Ville de Paris jusqu'au 3 mars 2013, l'Art en Guerre termine le 17 février.)