mercredi 27 avril 2011

Velu Viswanadhan et les Cinq Eléments


Entre 1976 et 1982 Vélu Viswanandhan a fait cinq films sur les cinq éléments dans la tradition védique: sable, eau, feu, air et éther. Des films faits avec un petit caméra, on dirait presque le super 8 des vieux films de vacances. Il ne se passait rien. Il y a longtemps, sur ARTE, j'avais vu le volet "Air", au Musée Guimet, qui montre ces jours-ci l'intégrale, j'ai pu voir le "Sable". Des images de bord de mer, des plages. Le vent qui couvre tout. Aucune histoire, cela va de soi. On progresse sur un chemin qui mène d'un endroit inconnu à un autre endroit inconnu. Puis, peu à peu, on commence à reconnaître les lieux. Des visages qui doivent être des amis, ils sont bienveillants. Des gens qui travaillent, qui se promènent.
Au début je pensais que Velu Viswanadhan avait fait un film plein de sable, un autre plein d'eau etc. Idée stupide. On voit tout en même temps. Suffit de bien regarder. Voilà: films cultes!

lundi 25 avril 2011

Yto Barrada (Premier Prix)

Quand on se promène à Berlin ces jours-ci il n'est pas facile d'échapper aux affiches qui annoncent que la photographe marocaine Yto Barrada est devenue "Artiste de l'Année 2011". C'est à coup sûr un grand prix qui donne droit à toutes sortes d'avantages et de récompenses.
J'avais découvert Yto Barrada il y a quelques années lors d'une exposition à la galerie Polaris à Paris. Des grandes et belles photos de quartiers modernes d'une ville marocaine (Tanger me semble-t-il):



On ressent la chaleur de la ville, dedans et dehors. Du beau travail. L'heureuse gagnante de 2011 a eu droit cette année à une petite exposition au Musée Guggenheim de Berlin et le résultat est assez décevant: Quelques murs saturés de photos pas toujours réussies, un vidéo vaguement écolo, un jeu de cubes grand format. Sur le site de la Banque d'Allemagne on voit peu de photos des œuvres. En revanche cette navrante photo du vernissage y figure en bonne place.


Voilà ce que je n'aime pas dans l'art: des banquiers qui boivent du champagne, des artistes de talent qui sont obligés d'assurer le service après vente, des œuvres qui passent à l'arrière plan. Enfin, espérons que cela n'empêche pas Yto Barrada de faire d'autres photos comme celle-ci:


(jusqu'au 19 juin à la Deutsche Guggenheim à Berlin)

dimanche 24 avril 2011

Richard Long: La longue Marche


Le Land Art s'est souvent heurté à un problème de présentation. Comment dans un musée ou une galerie montrer ce qui s'est fait loin de là, dans un lieu inhabité devant un public d'animaux? Quelques photos, des dessins de préparation. Mais faut-il encore être bon photographe ou dessinateur. Richard Long, dont la première œuvre consistait à prendre en photo un chemin dans l'herbe d'une prairie qu'il avait crée en marchant, a longtemps présenté des photos, très belles d'ailleurs, avec en dessous le lieu et la date de l'œuvre, des cercles de pierres, des monticules. Pour les grandes occasions, et l'exposition actuellement à Berlin en fait partie, il présente dans le musée même des grands cercles d'ardoise ou de granit, des rectangles de tourbe.


L'effet est immédiat. Inutile de donner une quelconque explication, de fournir une médiation. Ça saute aux yeux. (jusqu'au 31 juillet au Hamburger Bahnhof à Berlin)

jeudi 7 avril 2011

La tête pensante d'Oswald Tschirter



Je me souviens d'une phrase de Samuel Beckett: Là où il y a deux, il y a doute. Une personne, un dessin, un poème peuvent avoir une existence tranquille. Ils trouvent leur place ou non, mais enfin, ils ont essayé. Mais deux? Il faut choisir, éliminer peut être. Constater la coupure entre l'un et l'autre.
Je pensais à cela en découvrant à l'exposition de la Collection Charlotte Zander à la Halle Saint Pierre un "Diptychon" (diptyque)d'Oswald Tschirter. Tschirter était schizophrène. Il a passé sa vie à dessiner toujours les mêmes personnages: une très longue tête, comme ces têtes dessinées sur les doigts. Comme toujours dans l'art il ne faut pas espérer une guérison ou un quelconque retour à la normalité. Il ne faut pas non plus se dire qu'on comprend le message, que l'histoire d'alléniation, n'était qu'un malentendu. Il y a dans l'art brut une recherche dans ce qui reste invisible aux autres. L'autre moitié du diptyque.


(en absence de reproduction il n'y a que le dessin que j'ai fait sur place)

dimanche 3 avril 2011

Le vaste monde de Claude le Lorrain


Entre ma visite de la National Galery à Londres et l'exposition Nature et Idéal au Grand Palais j'ai pu redécouvrir l'œuvre de Claude Gellée, dit, Le Lorrain. Il fait partie de ces peintres qui n'ont jamais disparu. Célèbre de sont vivant, il l'est toujours resté.
Le Lorrain avait à un moment pris l'habitude de placer des bâtiments romains au bord de l'eau. Des bateaux partaient de là vers l'inconnu. Cela me fait penser aux tableaux hollandais du dix septième siècle où l'on voit des ports remplis de bateaux . Placer des ruines anciennes dans un port d'où l'on part vers ce qui est somme toute l'avenir est un geste superbe, à la fois une connaissance profonde du passé et, par conséquent, une foi dans l'avenir.


Le dessin vient du Liber Veritatis, catalogue personnel du Lorrain. Absent de l'exposition au Grand Palais où l'on trouve en revanche des superbes dessins. J'y reviendrai.