jeudi 15 septembre 2011
L'opiomane dans son élément
Le Louvre des Antiquaires organise ces jours-ci une exposition étrange. Des centaines de pipes d'opium, d'un raffinement extrême. Pas de fumée cependant. La niche, avec couche, table basse, pipe, fourneau etc., ne sera pas occupée.
J'avais vu, il y a longtemps déjà, une exposition d'objets du lettré chinois: pinceaux, encres, pierres, instruments de musique. La pipe n'y figurait pas. L'opium n'est venu que très tardivement en Chine et les conséquences néfastes sur la santé ont fait que la mode fut sévèrement réprimée.
Ce raffinement a quelque chose de perturbant. Il ne viendra à l'esprit de personne d'exposer des seringues, ni même les bouteilles vides de l'alcoolique. Avec les pipes d'opium c'est un peu comme si la beauté des objets donnaient au propriétaire des droits que des gens plus rustres ne pouvaient revendiquer.
Enfin, cette exposition m'a fait relire "Le livre de l'Opium", classique du genre de Nguyen Te Duc. J'y retrouve cette belle description de ce que ressent le fumeur: "La mémoire semble si souple, si fraîche, qu'elle se présente à l'esprit sans recherche, sans fatigue, et comme un livre ouvert toujours à la page qui convient. Les faits, les dates, les souvenirs viennent, soit dans la pensée, soit dans la conversation, se placer d'eux-mêmes en leur ordre naturel et sans attendre l'appel." Voilà, le fumeur regarde le monde et on constate que tout est bien. Le constat est optimiste et durera le temps d'une pipe.
Mémoires d'Opium, Louvre des Antiquaires à Paris, du 1er septembre au 27 novembre 2011.
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2 commentaires:
Dommage que les photos que vous utilisez nous montre des copies... Bien loin de celles du louvre des antiquaires
Désolé, interdiction de prendre des photos et mes dessins faits sur place ne sont pas bons.
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