mercredi 30 novembre 2011

Le temps passe


Heather, Mimi, Bebe et Laurie. (dans cet ordre) 1975

A l'excellente exposition de la collection Olbricht (mémoires du futur) j'ai découvert les photos de Nicholas Nixon qui, depuis 1975, prend chaque année une photo des quatre sœurs Brown. Bien sûr on voit les années qui passent et les traits qui se creusent. Ce qui me frappe surtout cependant sont les regards apeurés comme si c'est le photographe qui sonne l'heure.


1985


Mais est ce que ce n'est pas exactement le rôle de l'artiste d'être celui qui consigne le temps qui passe?

(jusqu'au 15 janvier à la Maison Rouge )

Plein à craquer


L'installation des Frères Chapuisat remplit tout l'étage du Centre culturel suisse. On a envie d'entrer dedans. Impossible. On peut faire un pas ou deux, pas plus. On voudrait marcher autour. Impossible. C'est une œuvre impénétrable. Du coup on est fasciné. Ce n'est pas le chaos. Loin de là. C'est un ordre étrange.
(jusqu'au 18 décembre au Centre culturel suisse dans le Marais.)

lundi 28 novembre 2011

La fosse


Pour accompagner un poème d'Antonin Artaud:

Le mauvais Rêveur

Mes rêves sont avant tout une liqueur, une sorte d'eau de nausée où je plonge et qui coule de sanglants micas. Ni dans la vie de mes rêves, ni dans la vie de ma vie je n'atteins à la hauteur de certaines images, je ne m'installe dans ma continuité. Tous mes rêves sont sans issue, sans château fort, sans plan de ville. Un vrai remugle de membres coupés.
Je suis, d'ailleurs, trop renseigné sur ma pensée pour que rien de ce qui s'y passe m'intéresse: je ne demande qu'une chose, c'est qu'on m'enferme définitivement dans ma pensée.
Et quant à l'apparence physique de mes rêves, je vous l'ai dit: une liqueur.

(travail terminée ce jour.)

dimanche 20 novembre 2011

Funambule


Ainsi parlait Zarathoustra de Friedrich Nietsche ouvre sur l'histoire d'un funambule: "Ce qu'il y a de grand dans l'homme, c'est qu'il est un pont et non un but : ce que l'on peut aimer en l'homme, c'est qu'il est un passage et un déclin.
J'aime ceux qui ne savent vivre autrement que pour disparaître, car ils passent au delà."

Que c'est bien dit! Le funambule, bien sûr, tomba de sa corde, devant le sage:

"Zarathoustra cependant ne bougea pas et ce fut juste à côté de lui que tomba le corps, déchiré et brisé, mais vivant encore. Au bout d'un certain temps la conscience revint au blessé, et il vit Zarathoustra, agenouillé auprès de lui :
"Que fais-tu là, dit-il enfin, je savais depuis longtemps que le diable me mettrait le pied en travers.
Maintenant il me traîne en enfer : veux-tu l'en empêcher ?"
"Sur mon honneur, ami, répondit Zarathoustra, tout ce dont tu parles n'existe pas : il n'y a ni diable, ni enfer. Ton âme sera morte, plus vite encore que ton corps : ne crains donc plus rien !"
L'homme leva les yeux avec défiance. "Si tu dis vrai, répondit-il ensuite, je ne perds rien en perdant la vie. Je ne suis guère plus qu'une bête qu'on a fait danser avec des coups et de maigres nourritures."
"Non pas, dit Zarathoustra, tu as fait du danger ton métier, il n'y a là rien de méprisable. Maintenant ton métier te fait périr : c'est pourquoi je vais t'enterrer de mes mains."
Quand Zarathoustra eut dit cela, le moribond ne répondit plus ; mais il remua la main, comme s'il cherchait la main de Zarathoustra pour le remercier."

(Travail terminé ce jour.)

jeudi 17 novembre 2011

J'écris ton nom



A l'exposition de Paul Klee à la Cité de la Musique on tente de nous faire comprendre que l’œuvre de Klee est indissociable de la musique. Affirmation discutable, mais enfin, c'est le Cité de la Musique qui organise donc ils ont le droit de prendre quelques libertés. On a soin en revanche de refuser le casque proposé à l'entrée car on vient pour voir et non pas pour écouter. Un regard clair est à ce prix. J'ai beaucoup aimé les dessins assez peu en accord avec l'image précis, un peu maniaque qu'on a de Klee en regardant ses tableaux. Un trait libre,direct, humoristique. Au dessus de ces mots j'ai mis cependant un autre travail. La veille j'avais vu au Centre Pompidou la superbe exposition des Logogrammes de Christian Dotremont. Les œuvres prêtées par le peintre Pierre Alechinski surtout sont magnifiques. Voilà: deux artistes qui écrivent en dessinant, ou qui dessinent en écrivant. Exposés en même temps dans la même ville.



(Paul Klee Polyphonies jusqu'au 15 janvier 2012, Christian Dotremont au Centre Pompidou jusqu'au 2 janvier 2012)

lundi 14 novembre 2011

*** (vaut le voyage)


Voilà une attraction qui réunit toute la famille, qui ravit les enfants, qui attire la foule. La preuve qui l'art contemporain n'est pas réservé à l'élite. Pourtant l'installation in-perceptions au 104 ne me plait pas. Cette tendance d'en mettre plein la vue, comme ce machin d'Ashish Kapoor au Grand Palais au printemps dernier, ne me convient pas. Comme Disneyland à Marne la Vallée ne me convient pas non plus. Je ne sais toujours pas très bien à quoi doit servir l'art (depuis le temps ça devient désespéré!)mais je sens que ce n'est pas aux artistes de prendre la place des parc d'attractions et autres Foires du Trône.

(Jusqu'au 09 décembre 2011 au 104, mais rien ne presse.)

lundi 7 novembre 2011

Tête Art


Les têtards, cela fait penser à "tête art". Pour dire que c'est cérébral comme démarche. Pour accompagner un poème de Tristan Corbière dans "Les Amours Jaunes", poète breton et maudit (tautologie?):

Le Crapaud

Un chant dans une nuit sans air...
La lune plaque en métal clair
Les découpures du vert sombre.

...Un chant; comme un écho, tout vif
Enterré, là, sous le massif...
-Ca se tait: Viens, c'est là, dans l'ombre...

-Un crapaud! - Pourquoi cette peur,
Près de moi, ton soldat fidèle!
Vois-le, poète tondu, sans aile,
Rossignol de la boue... -Horreur! -

...Il chante. -Horreur! - Horreur pourquoi?
Vois-tu pas son oeil de lumière...
Non: il s'en va, froid, sous la pierre.
.........................................
Bonsoir -ce crapaud-là, c'est moi.
(ce soir, 20 juillet)

(Travail terminé, pour ce qui est de l'image, le 4 novembre de cette année)

dimanche 6 novembre 2011

Laissez passer


Georges Manos, l’Ambassadeur de Grèce à Vienne, a dépensé sa fortune, qui était vaste, en achetant de l'art japonais. Nous sommes à la fin du 19e siècle et Manos, qui n'était pas voyageur, trouvait à Paris des pièces d'une grande qualité. A sa mort il légua sa collection à l'état grec pour faire un musée de l'Art asiatique sur l'île de Corfou. Voilà une belle histoire qui montre que bien dépenser de l'argent est aussi un art.
Une partie de sa collection est exposée à Paris à la Maison de la Culture de Japon à Paris. Deux images, (pas de trace sur le net, d'où ces croquis) m'ont intrigué. Sur une gravure d'Utagawa Toyokuni on voit le héros qui tient dans la bouche un laissez-passer avant de foncer sur l'ennemi. Comment résister à une telle attaque?


La gravure de Torri Kiyonaga fait partie d'une série intitulée: Préceptes Moraux. Il s'agît ici de la Rumeur. On voit une femme qui repend des rumeurs et qui consigne des calomnies dans une lettre. Voici des images étranges où il s'agît de démontrer la logique interne.

(jusqu'au samedi 17 décembre 2011 à la Maison du Japon à Paris)

mardi 1 novembre 2011

Oubli


Des cendres récupérés dans le poêle, mélangés à l'encre de Chine. C'est l'automne. Dans la série des maladies voici la maladie d'Alzheimer. Pour accompagner un poème de Sylvia Plath.



The Manor Garden

The fountains are dry and the roses over.
Incense of death. Your day approaches.
The pears fatten like little buddhas.
A blue mist is dragging the lake.

You move through the era of fishes,
The smug centuroies of the pig -
Head, toe and finger
Come clear of the shadow. History

Nourishes these broken flutings,
These crowns of acanthus,
And the crow settles her garments.
You inherit white heather, a bee's wing.

Two suicides, the family wolves,
Hours of blackness. Some hard stars
Already yellow the heavens.
The spider on its own string

Crosses the lake. The worms
Quit their usual habitations.
The small birds converge, converge
With their gifts to a difficult burning.

(dans le recueil: The Colossus)