vendredi 26 novembre 2010

Ustad Aslam Khan

Des mentions d'Aslam Khan, il y a quelque temps, dans l'excellent blog de John Stevenson sur la vie musicale à Bombay, (http://musicmumbai.wordpress.com/) m'ont donné envie de réécouter cette musique assez rare. Les gens qui pensent qu'au temps de l'internet il est devenu impossible que les grands talents restent inconnus, même dans leur propre pays, ont tort. Inutile de faire une liste. C'est le contraire: un chanteur bien établi, connu, respecté qui en plus a du talent, voilà ce qui, en effet, est très rare. Revenons aux faits: une cassette de 1989, présentée dans une sorte de boite à savon:




http://www.mediafire.com/?jdkrw3rnu8jq5

lundi 22 novembre 2010

C'est écrit sur ton Visage



Après plusieurs expositions sur des thèmes larges: hommes, femmes, animaux, le Musée Dapper revient avec un thème géographique: l'Angola. Je me souviens avoir été peu convaincu par ces salles remplies d'images d'hommes etc. L'unité que l'on voit aujourd'hui entre les pièces est plus satisfaisante. En plus, l'Angola n'est pas le pays le plus représenté dans les musées.
Le thème: "Figures de Pouvoir" ne saute pas au yeux immédiatement. Comment représenter le pouvoir? Il y a des objets: sceptre, couronne et autres mais il doit y avoir plus: dans le visage on doit voir quelque chose que l'on ne voit pas chez les autres. Le chef émane le pouvoir. (Le sujet est d'ailleurs d'une actualité brûlante. Regardez autour de vous: combien de chefs d'état possèdent cela? Hein?)
Plusieurs statues présentées ont des dessins, en fait des scarifications, sur le front. Des dessins qui font beaucoup penser aux dessins utilisés de l'autre côté de l'Atlantique dans les cérémonies vaudous:



C'est peut être cela qui manque aujourd'hui dans le monde: le pouvoir doit s'écrire sur le visage.

jeudi 18 novembre 2010

Walid Raad au 104

Je me souviens des photos de vieilles voitures. Des voitures comme celles là, bourrées d'explosives sautaient à l'époque dans les villes libanaises avec une régularité terrible. C'était signé Atlas Group mais en fait il n'y avaient qu'un seul homme: Walid Raad. Des voitures comme les autres qui pouvaient se transformer en bombes. Les victimes avaient été enterrées, les coupables avaient fui. Il ne restait que ce sentiment de peur. Il y avait des textes à côté mais je n'ai jamais compris ce qu'ils disaient:



Aujourd'hui Walid Raad a plus de moyens et plus de place. Grande salle au 104: "Je gratte des choses que je pourrais renier. Une histoire du monde arabe" (Pourquoi dans la publicité il est obligatoire de traduire l'anglais tandis que dans l'art contemporain le titre anglais est devenu de rigueur?) A l'entrée on propose des audioguides pour comprendre mais cela ne me plaît pas du tout. Résultat: je suis largement perdu. Normal. Le monde arabe est difficile à comprendre. Une seule œuvre me parle: la maquette d'une salle d'exposition.



J'en ai vu des milliers depuis le temps. En voilà une expo qu'on voit d'un seul coup. Mais enfin, est-ce que on voit bien, complètement? Interrogation, réflexion. Œuvre intéressante donc. Pourtant je préfère les voitures.

mercredi 17 novembre 2010

Le Mois de la Photo, Rive Gauche

Il me semble que les galeries du sixième arrondissement se réveillent d'un long sommeil. Fini le temps que on ne regardait pas plus loin que l'art français de l'après guerre. Il y a maintenant des choses très intéressantes. Pas partout, l'abstraction lyrique a encore ses amateurs sans doute. Mais, de temps en temps on trouve des expos de grande qualité. Au moins aussi bien que à l'autre côté du fleuve.
La photo donc. Dans le "off", absent de la brochure officielle, j'ai beaucoup aimé le travail de Ivan Pinkava à la galerie 51. J'avais déjà vu des portraits superbes, noir et blanc. Cette fois ci il présente des natures mortes. Trois photos de matelas mousse, disposés contre le mur ou l'un sur l'autre. Le titre est "exercice spirituelle". Aussi les "chaussures pour Joseph Beuys" que j'ai retrouvé sur le net:



Autre travail intéressant: les paysages de Thibaut Cuisset, juste à côté de l'Institut. C'est un lieu qui sent un peu la reconnaissance officielle. C'est La Revue des Deux Mondes qui fait le catalogue. Que des noms à tiroir sur la liste. Artiste estampillé traditionnel à 100% donc. Il présente pourtant une très belle série de paysages français. Dans le texte d'accompagnement on lit: "Quand on regarde les photographies de Thibaut Cuisset, on dirait souvent qu'elles ont été prises un peu au hasard; on se demande: "pourquoi là et pas plutôt ici?"
Voilà une ânerie. Regardez donc. Cela se voit toute de suite. Le hasard, c'est l'ignorance. Le travail de l'artiste est de faire en sorte que la nécessité ne se voit pas. Enfin, allez expliquer ça à ces gens-là.

lundi 15 novembre 2010

Ustad Vilayat Khan



C'était en 1968. Paris était en feu. Moi, je découvrais la musique indienne. C'était une samedi après midi à la radio hollandaise (NOS) Il s'agît d'être précis et de se souvenir de tout ce qui compte vraiment. A 17.00 de cette après midi il y avait la diffusion d'un concert qui avait eu lieu peu avant à "L'Institut des Tropiques" à Amsterdam. L'organisateur, Félix van Lamsweerde, présentait un musicien qui était, pour lui, le plus grand des sitaristes en Inde. Il ne se trompait pas. Le concert commençait par le raag Yaman, le même raag que l'Ustad avait enregistré sur un LP à Londres peu avant. Suit le raag Desh avec une composition qu'on n'a pas souvent ré entendu depuis. Le raag Bairavi de la fin est un moment de pur bonheur. C'était mon introduction à la musique indienne. La toute première fois que j'entendais ça. J'étais devant le poste avec un magnéto à bandes Philips. Voici à partir de la bande originale. (Manik Rao Popatkar au tabla)

http://www.mediafire.com/?g7dzgee2fxs98

Nous voici en 1972. Vilayat Khan était venu avec un jeune joueur de tabla Zamir Ahmed Khan. J'aurais préféré Kishen Maharaj ou Samta Prasad mais enfin. C'était dans le cadre du Holland Festival et lors de la journée inaugurale à La Haye certains des participants faisaient une courte présentation des concerts à venir. Je me souviens parfaitement de ce concert. Au premier rang se trouvait Kathy Barberian, la chanteuse américaine qui avait amené son petit chien. Il y avait aussi un hippy qui se mit devant et qui commençait à sortir sa flute pour faire un bœuf improvisé. C'était l'époque. Le raga n'était pas annoncé. J'ai conclu moi même qu'il s'agissait de Yamani (sorte de Yaman avec moins de contraintes) Tout cela n'était pas très sérieux mais il y avait une légèreté très agréable.

http://www.mediafire.com/?44x1u5959x9dw

Toujours été 1972, Vilayat Khan a donné un concert assez décevant à Rotterdam où il a joué Rageshri, puis deux concerts à Amsterdam dont l'un (celui ci) a été enregistré par la radio. L'autre concert, je crois qu'il a joué raag Purvi mais il n'y a pas d'enregistrements, était certainement plus beau. Celui-ci était court et, soyons clair, pas très inspiré. En revanche le raga: Chandani Kalyan, n'est pas très courant. Il s'agît en gros de raga Yaman avec si bémol (komal nishad) C'était quelques jours après le concert de la Haye dans L'Eglise Luthérienne d'Amsterdam.

http://www.mediafire.com/?2kygybk8n4iulhu

Mois de la Photo, rive droite

Il y a quelque chose de pénible dans ces condensés d'attention, comme la journée de la femme, le mois de la poésie, la fête des mères etc. Cela dispense de s'en occuper le reste de l'année. Pourtant, les expositions de photos dans les galeries parisiennes ce temps-ci permettent, pour ceux qui aiment faire des kilomètres sous le crachin (merci vélib, le vélo est indispensable)de découvrir des oeuvres qui valent la peine. D'abord, il faut s'affranchir du label "mois de la photo". Il y a le "in" et le "off". Beaucoup de photos à l'ancienne: la petite histoire poétique, l'oeil du photographe. Cela je ne garderai pas. Les photos qui racontent une histoire touchante, c'est terminé depuis fort longtemps. Google images donne des photos par millions, il s'agît de faire une image indispensable. Le reste peut rester sur le disque dur. Pas la peine d'en faire part au monde.
Des choses très belles donc. Tant qu'à faire de l'art, il faut faire des beaux arts. La Galerie Karsten Grève, dans le Marais, a organisé une superbe exposition de la photographe américaine Sally Mann. Elle utilise un appareil centenaire qui laisse des bulles et des rayures , qui coupe les bords aussi. Toute la première salle contient des nus masculins, format environ 30 par 40 (à première vue).Parfois des parties du corps, une jambe, un bras:


Dans les autres salles il y a des paysages qui m'ont fait penser à Faulkner: luxuriant, inquiétant, des enfants aussi. Il y a des secrets cachés, des fardeaux. Le résultat est très fort.
Le reste du quartier est plus calme: des paysages très sages de Giorgia Fioro à la galerie Sit Down (ça va bien sur les cadres IKEA), un surréalisme suranné au centre culturel mexicain. Des photos rétro africaines au musée des arts derniers (des types qui posent avec leur moto ou leur transistor). Non, je dis non. Pour la suite il faut aller rive gauche. A suivre

dimanche 14 novembre 2010

Tous ceux qui tombent

A l'exposition "Fresh Hell" au Palais de Tokyo j'ai retrouvé un artiste hollandais que j'avais découvert il y a cinq, six ans lors d'une de ces grandes expositions internationales d'art contemporain : "Manifesta". C'était à San Sebastien en Espagne. Bas Jan Ader. Dans les années 70 il a fait une série de vidéos où il tombait, de façon variée mais radicale quand même. Tomber, il ne faut pas l'oublier, ça fait mal. Je me souviens d'un vidéo tourné à Amsterdam dans lequel il tombait dans le canal, sur son vélo. Il n'y a que les Hollandais qui peuvent vraiment comprendre cela dans toute sa profondeur. C'est sur Youtube:



Dans une autre vidéo il était en plein vent. Il tanguait de plus en plus, puis il tombait. Bas Jan Ader est mort en 1975 lors d'une traversée de l'Atlantique, dans le cadre d'une oeuvre qui s'appelait "In search of the Miraculous". Il était parti sur une petite barque. C'était un artiste en tout point admirable.
Dans la même exposition j'ai découvert l'oeuvre d'un artiste italien de la même époque: Gino de Dominicis. Deux vidéos: Une intitulé: Tentative de vol. L'artiste se trouve sur une butte. Il remue les mains pour s'envoler. Puis il saute. La deuxième est intitulée: "Tentative de former des carrés au lieu de cercles autour d'une pierre qui tombe dans l'eau". Pas de vidéos sur le web mais une photo:

lundi 8 novembre 2010

Bulbul



Dans la poésie orientale il est beaucoup question des rossignols qu'on appelle bülbül en turc. L'oiseau appelé bulbul en langue française désigne un autre oiseau, pas du tout aussi fin chanteur. La distinction est importante car si on remarque le rossignol ce n'est pas par son aspect, assez quelconque, c'est par sa voix.
J'ai appris à l'époque où je dormais peu que les merles cessent de chanter dans la nuit, contrairement aux rossignols. J'ai eu depuis une certaine appréhension des oiseaux chanteurs. J'ai fait à l'époque le travail suivant. Portrait peu flatteur:



Aujourd'hui j'ai envie de faire la paix avec les oiseaux chanteurs. Dans le livre Essai sur le Chant de Quelques Oiseaux de Gérard de Bassetière, édité en 1913, j'ai trouvé la transcription du chant de rossignol. Un chant qui précède de peu la première guerre mondiale (la copie est terriblement réduite, il faudra des yeux d'aigle pour voir!):


James Joyce et Kurt Schwitters ne sont pas loin, juste quelque tranchées après, quelques années plus tard. Les oiseaux voient mieux que nous ce qui va arriver. Normal: ils volent au dessus de nous.

jeudi 4 novembre 2010

La Musique classique thai jouée au Piano par Monsieur Gaston



Cet exemple de musique "piano bar" est étrange. Je ne suis pas entièrement certain (pas de nom sur la cassette):

mais tout laisse à penser qu'il s'agît de M. Bruce Gaston, musicien américain qui vit depuis longtemps à Bangkok. Une recherche rapide montre qu'il joue actuellement avec son ensemble à l'hôtel Méridien de Bangkok. Voilà l'endroit où il fait être pour entendre une musique unique en son genre! Pour ceux qui sont empêchés de faire le voyage, voici une cassette en direct du bar international:

http://www.mediafire.com/?39t459xac3kez