vendredi 29 octobre 2010
La France de Raymond Depardon
L'exposition de photos à la Bibliothèque Nationale m'a fait réfléchir à la notion de pittoresque. Qu'est ce qui fait qu'on décide de s'arrêter, de prendre l'appareil photo (ou le carnet de dessins d'ailleurs)et de consigner? C'est, je crois, qu'on revient dans un lieu connu. C'est "déjà vu". Les gens disaient ça dans les années 70 pour quelque chose qui avait eu lieu dans une vie antérieure. Une scène doit être reconnue. Tiens: le cinéma de Cosne sur Loire. Je l'avais dessiné à l'époque où je voyageais dans la région à la recherche d'une maison. Je le retrouve chez Raymond Depardon
Mais il y a plus encore: Quand on regarde des vieilles photos on ne se dit pas que tout cela a disparu. L'art fait que rien ne disparait. Aucune raison d'être nostalgique. Tout reste présent. Regarde cette photo prise il y a cent ans (collection Albert Khan):
Dans cent ans on regardera les photos de Raymond Depardon et on le dira: rien n'a changé.
Imrat Khan
Imrat Khan était le premier musicien indien que j'ai pu voir en concert. C'était au début des années 70. Des concerts que la radio a diffusés après. (Je les mettrai en ligne en temps et en heure) Voici une cassette éditée aux USA: Raga Darbari, joué au surbahar, un concert à l'Occidental College, 22 mai 1982. Imrat Khan a enregistré raga Darbari plusieurs fois depuis. De tous ces enregistrements, celui-ci, un long alap au surbahar, est le plus beau.
http://www.mediafire.com/?c8sjd14dm7g8h
mercredi 27 octobre 2010
Lucas Cranach à Bruxelles
C'est drôle comme on voit dans les tableaux quel est le genre de femmes qui plaisent au peintres. Cranach l'Ancien aimaient les visages ronds, petits seins, petits yeux. A l'exposition bruxelloise on en voit, jusque dans les gravures. Ce n'est pas mon genre mais passons.
La série de tableaux de Lucrèce qui se plante un couteau dans le corps pour ne plus vivre dans le déshonneur est somptueuse. Tant de vertu et tant de nudité. Il faut sans doute toujours se mettre entièrement à nu pour prouver son honnêteté. C'est une leçon.
Quelques détails: L'électeur Frédéric avait assemblé à Wittenberg un grande collection de reliques. Ceci dans le but de faire de cette ville un centre de pèlerinage, source de revenus. La-dessus vient Luther qui réduit la valeur des reliques à néant. On l'apprend ainsi à ses dépens: ne jamais aveuglement faire confiance aux biens.
Autre détail: sur les crucifixions les croix sont de vrais poutres, non pas des planches lisses. Voici l'image:
Abdolvahab Shahidi
Voici le grand chanteur iranien des années 60, c'est à dire de l'avant-mollah. C'est un peu daté, un peu grandiloquent parfois. Mais il y a le hâl. Qu'est ce c'est que le hâl? Un très bon article de Jean During donne la réponse: www.crem-cnrs.fr/membres/j_during_hal.pdf
Après lecture, la musique:
http://www.mediafire.com/?gokowldrvbqah
lundi 25 octobre 2010
Paul Rebeyrolle
Il faut avoir confiance pour intituler une exposition: « Dix Oeuvres Majeures ». Rien de mineur ici, pas de fonds de tiroir. Bon, quand on entre dans la grande salle de la galerie Jeanne Bucher c’est déjà la taille des oeuvres qui fait incontestablement majeure. Quelques dimensions: 170x170, 130x195, 278x240. Puis les couleurs n’ont rien de discret non plus. C’est spectaculaire, parfois un peu trop. Les tableaux à droite avec branches et grillage sont trop chargés à mon goût. A force de vouloir en faire beaucoup, on en fait trop. En revanche le mouton dépecé à droite est juste parfait. C’est peut être le plus beaux des tableaux, plus encore que le grand chien blanc au fond de la salle: deux serpents et au dessus d’eux un chien qui visiblement aboie. Tableau bruyant mais qui respire la vie. C’est peut être ce qui rend ces tableaux aussi touchants: à travers ces images de mort on ne trouve que la vie.
mardi 19 octobre 2010
France 1500
Après la mort de St. Pierre de Luxembourg on trouva une caisse qui contenait des listes de péchés que le saint avait patiemment et scrupuleusement notés. Des milliers de notes. L’œuvre n’a pas survécu. C’est très dommage.
Une autre histoire de la même époque : Henry Suso (St Henry Suso) avait l’habitude de manger trois quarts de sa pomme au nom de la Sainte Trinité puis le dernier quart au nom du divin amour dont fit preuve la Sainte Vierge pour son enfant. Ce dernier quart cependant il mangeait avec la peau car les enfants mangent leur pomme avec la peau. Il ne fallait pas oublier cela. Cela était important. Essentiel même.
Je pensais à ces histoires en visitant l’exposition France 1500. C’était une époque où rien n’était laissé de côté, tout avait son importance. Aucun acte gratuit. Chaque détail comptait. Les transgressions étaient dangereuses. En même temps la folie guettait en permanence, comme la mort. Des vies sur la lame du rasoir. Il y avait trop de choses à maîtriser. Trop de dangers. Certains finissaient donc par craquer. Sur un tableau du Maître de St. Gilles il y a un homme en pleine crise de folie. St. Leu va le soigner. C’est le propos du tableau. J’ai essayé, maladroitement de dessiner cet homme qui délire. Sur la photo il est tout au fond.
dimanche 17 octobre 2010
Shakur Khan
Un 78t de Shakur Khan, fils du très grand chanteur Wahid Khan, le chanteur qui a guidé Amir Khan dans ses recherches dans les très lents cycles jhoumra de quatorze temps. C'est certain, le propos est spécialisé, mais la beauté est complexe aussi. La beauté est comme les fleurs que l'on cueille, d'une complexité extrême et d'un accès direct en même temps.
http://www.mediafire.com/?p1p432x1g2ovt
Nikhil Banerjee au Musée Guimet 1974-1984
C'était le temps des Amis de l'Orient, association un peu guindée qui organisait des voyages en Indes mais aussi (surtout)des concerts de musique à l'auditorium du Musée Guimet. Un des hôtes réguliers était le sitariste Nikhil Banerjee. Il venait une voire deux fois par an pour faire des concerts et pour graver des disques, les LP's de Sonodisc, devenus assez rares et recherchés aujourd'hui. Un certain nombre des enregistrements ont commencé à circuler sur le net, une chose dont je suis très probablement à l'origine sans l'avoir cherché. Il était donc temps de mettre de l'ordre dans tout cela. J'ai sorti les vieilles cassettes du placard pour en faire des numérisations plus propres que les copies des copies des copies qui sont maintenant proposées. Voici le programme:
4/11/74: Marubihag/ Gara (avec Anand Bodas)
http://www.mediafire.com/?x94a561l6h1dn
6/11/74: Kaushi Kanada (avec Anand Bodas)
http://www.mediafire.com/?03131dltfp027
6/11/75: Rageshri/ Kafi (avec Anindo Chatterjee)
http://www.mediafire.com/?csa57diuca056
13/11/75: Lalita Gauri/ Kafi (avec Anindo Chatterjee):
http://www.mediafire.com/?mj6y892ebbgvz
3/11/76: Jhinjoti/Kafi(avec Swapan Chowdhuri)
http://www.mediafire.com/?963xeon208qhs
9/9/78: Surdasi Malhar/ Pancham se Gara/ Pilu (avec Anindo Chatterjee
(Pancham se Gara rajouté, )
http://www.mediafire.com/?goql78a928i88
1/11/79: Marwa/ Khamaj/ Kafi dhun (avec Anindo Chatterjee)
http://www.mediafire.com/?duw1us9z53y13
7/11/84: Marwa/ Khamaj (avec Abhijit Banerjee)
http://www.mediafire.com/?evol72eidj1iq
jeudi 14 octobre 2010
Certosa di San Martino à Naples
Je vivais au bord
d'un précipice.
Il faisait froid
et ce froid
venait du creux
dans la terre.
Des voix criaient
mais on disait
qu'aucun homme
jamais n'était
allé dedans
et aucune voix
jamais n'était
ressuscitée
ou remontée
du précipice.
Il valait mieux,
me disait-on,
laisser ces lieux
et s'installer
plus loin,
dans un hameau
avec des gens,
qui s'entraidaient,
des vrais amis.
Laisser ce trou,
ces voix bizarres,
à tout jamais.
Je suis resté,
me suis couvert
contre le froid,
pour écouter,
pour regarder.
Un soir,
j'avais trop bu,
il faisait noir,
je suis tombé.
J'avais glissé
au bord du trou.
Il avait plu.
Je suis tombé,
tombé du haut.
Et puis des mains
m'ont attrapé.
Une voix disait:
cesse de tomber
car il n'y a
aucun endroit,
aucune chaussée,
où s'écraser.
Vivre ici
c'est léviter.
Je me disais
que tôt ou tard
j'allais trouver
le haut, le bas
et tout allait
tomber en place,
les pieds sur terre,
le corps debout.
Il m'a fallu
un certain temps
pour découvrir
que je tournais
comme une toupie,
que mon nombril
était un axe
autour duquel
tournait mon corps
pour avancer
comme une hélice
d'hélicoptère.
Alors un jour,
si vous voyez,
haut dans le ciel,
un homme qui tourne,
faites lui un signe
de la main.
C'est moi qui tourne,
qui tourne aux vents.
mercredi 13 octobre 2010
K.G. Ginde
http://www.mediafire.com/?9b51r780jr6my
mardi 12 octobre 2010
Girja Devi, Gopal Misra, Kante Maharaj
Une rareté (encore!). Raga Bhairavi. Un concert enregistré à Benares dans les années 60 (je crois). Ecoutez le tabla qui commence avec des rares frappes d'une puissance inouïe et qui peu à peu se met à jouer de plus en plus. Gopal Misra n'est pas très présent. Peut être c'est l'enregistrement qui est franchement médiocre. Mais où trouve-t-on d'autres enregistrements de ce joueur mythique?
http://www.mediafire.com/?5wdwc7mlmy4cylb
Max Neumann à la Galerie Vidal-Saint Phalle
(L'image en couleur vient du carton d'invitation de 2008, les dessins sont de moi et pas de lui!)
Les dessins de 30 par 30 centimètres me feront toujours penser aux pochettes des LP. Question de génération sans doute. C'est un beau format. Les lignes verticales et horizontales ont une importance égale. L'oeil ne se disperse pas. Un peu plus grand et on risque de plonger dedans, un peu plus petit et on est obligé de se pencher. Qui se risquerait à faire des dessins au format CD? Enfin, il y en a sans doute quelque part.
Max Neumann a fait des grands tableaux, des portraits superbes. C'est la deuxième fois que je vois ses petites oeuvres sur papier à la Galerie Vidal-Saint Phalle. Des portraits sans expression Des portraits sans qualités. C'est tout à fait ça, des hommes sans qualités, comme le roman de Musil. On peut y lire se qu'on veut. Des visages ouverts.
lundi 11 octobre 2010
Iqbal Bano
Une chanteuse que je n'ai jamais vu en concert mais que j'aimais beaucoup. Je possède un nombre de cassettes de ses ghazals et thumris. Voici la première:
http://www.mediafire.com/?t6gf81bb8bqvo
EMI Pakistan a édité dans les années 8O une série de cassettes intitulée "An evening with Iqbal Bano" Avec plus de quatre heures de musique la soirée était longue mais merveilleuse. Sur les cassettes je retrouve aussi le nom du magasin qui vendait dans l'arrière boutique des cassettes en direct de Southall: Wembley Video Paris, 7 rue Jarry. Souvenir ému de samedis passés dans le quartier de la rue saint Denis à chercher des cassettes que nous regardions ensuite en mangeant dans le restaurant en face. Voici la soirée complète avec Iqbal Bano:
http://www.mediafire.com/?edjob4ujbx4p2
Hanuman Prasad Misra
http://www.mediafire.com/?0x47dhfnkjehtgo
Prix Turner
C'est la saison des prix pour les artistes. Au Tate à Londres sont exposées les oeuvres des nominés pour 2010. J'y trouve, surprise, un tableau de Dexter Dalwood. Un tableau très post-crise: belle facture, plus de peinture qui dégouline, grandes plages de couleurs. Les millionnaires en auront pour leurs dollars. Ma surprise vient du sujet: la mort de Dr. David Kelly, le spécialiste en armements qu'on a retrouvé mort sous un arbre parce qu'il avait découvert que ces armes de destruction massive n'existaient que dans la tête de Bush jr. et de Tony Blair. Il se trouve qu'à l'époque j'avais fait un travail sur le même sujet. Travail qui ne fut shortlisté nulle part.
dimanche 10 octobre 2010
Cet air qui me trotte dans la tête
Exposition Chen Zhen au Musée Guimet
J'ai découvert Chen Zhen quand il venait de mourir. Une belle exposition, à la Villette si je me souviens bien. Il y régnait une ambiance d'infinie tristesse. Il y a eu plus tard cette grande exposition au Palais de Tokyo avec des sculptures en bougie fondue, aussi un grand mur avec des tiroirs qui contenaient des épices. J'avais vu cette table ronde ailleurs encore, mais où? Il y a quelques années j'ai vu une exposition avec des couteaux de chirurgie chinoise. J'ai fait des dessins que je ne retrouve plus. Aujourd'hui la table ronde se trouve tout en haut du Musée Guimet. L'exposition des quelques oeuvres de Chen Zhen au deuxième étage est une très belle réussite. Voilà comment confronter les classiques aux modernes!
La première pièce exposée est un berceau, couvert de tissus et de quelques hublots, comme pour voir et entendre ce qui se passe à l'intérieur. Un peu plus loin, du côté des peintures classiques chinoises se trouve cette oeuvre, "stèle, cercueil", qui date de 89: une vieille machine à écrire dans une fenêtre Lapeyre (décrit comme ça on pourrait penser que c'est une oeuvre médiocre, c'est tout le contraire). Une feuille couverte de caractères d'imprimerie derrière. C'est incroyablement chinois. Un petit pot avec quelques bâtons d'encens et quelques bougies devant, le tout comme autel à un ancêtre. (voir dessin) C'est après tout en Chine que l'imprimerie fut inventée.
Au milieu de la galerie chinoise je trouve cette phrase: "Entasser la terre, elle devient tumulus, creuser la terre, elle devient tombeau." Des autels avec des boites contenant des objets à moitié enfouis dans la terre ou dans l'eau, des machines, des boites. Il y a un côté immortel dans ce travail. Quelque chose qui restera. Autre phrase, écrite sur le mur: "Un langage par laquelle je puisse dialoguer avec la source de l'univers et le coeur intime de l'être humain."
De la fenêtre, tout en haut du Musée Guimet, à côté de la table ronde de Chen Zhen on voit le batîment du Conseil Economique et Social. Le lundi 18 octobre il y aura deux tables rondes. Voici copié et collé le programme:
La journée se déroulera autour de 2 tables-rondes : - en matinée : "Le défi de la perte d'autonomie : les services à la personne, une réponse efficace à consolider" - l'après-midi : "Le développement des services à la personne : une réponse d'avenir au défi de la perte d'autonomie"
Qu'ils viennent d'abord faire un tour au Guimet. Cela aidera à la discussion.
jeudi 7 octobre 2010
http://www.mediafire.com/?wlab4i0b5s8ed
Il faut savoir tomber en toute circonstance. Pratiquer la chute avec acharnement et méthode. S’entraîner sans cesse. Peu à peu alors le sol s’efface. La chute devient vol. Plus question de tomber. On reste dans le bleu uniforme.
Se jeter dans le vide demande un grand courage. On rencontre par conséquent peu de gens dans le vide. On y voit des anges. Les anges ne craignent pas le vide. Le vide est leur univers. Les anges n’ont pas d’ailes. Aucune possibilité de confondre anges et oiseaux. Les anges ne volent pas vraiment. Ils flottent en apesanteur.
En peinture l’ange se trouve au plafond. Il observe le sol et ceux qui y demeurent. Il ne se mêle jamais de la vie des terriens mais les observe sans cesse.
Les anges ainsi observent la terre. Attentifs aux détails. Surtout aux détails. Les anges étant nombreux, chacun choisit les détails à observer.